Introduction
La ligne de partage des eaux (LPE) est une notion qui apparaît dès le
XIX siècle avec, notamment, les travaux de
J. C. Maxwell. Un siècle plus tard, elle a été introduite par
S. Beucher et C. Lantuéjoul pour la segmentation d'image. Elle
constitue désormais l'un des principaux concepts de la Morphologie
Mathématique et, dans ce cadre, elle est considérée comme un des
opérateurs les plus puissants permettant de segmenter une image. Par
exemple, une procédure typique en morphologie mathématique comprend
une étape de filtrage de l'image, la détection des contours
(gradient), le calcul de la LPE et un post-processing.
Écoulement
Une présentation intuitive de la LPE provient de la topographie. Une
image en niveau de gris peut être considérée comme un relief
topographique : le niveau de gris de chaque pixel dans l'image est
interprété comme son altitude dans le relief topographique (voir
Figure b,d). Les bassins et vallées correspondent aux
zones sombres de l'image alors que les montagnes et les lignes de
crêtes correspondent aux zones claires. Une goûte d'eau tombant sur ce
relief suit un chemin descendant jusqu'à atteindre un minimum
régional. Les lignes de partage des eaux correspondent aux limites des
domaines d'attraction des goûtes d'eau. Dans le cas général cette
présentation ne permet pas de dériver des algorithmes efficaces.
Immersion
Une présentation alternative de la LPE, populaire dans la communauté
morphologique, est basée sur le paradigme
d'immersion : considérons
maintenant que la surface du relief est percée d'un trou dans chaque
minimum de l'image. Imaginons ensuite que cette surface percée est peu
à peu plongé dans un lac. L'eau pénètrent à travers les trous en
commençant par immerger les minima. Aux endroits où des eaux provenues
de différents minima se rencontrent, des barrages sont érigés. Une fois
le relief complètement immergé la surface est partitionnée en régions
séparées par des barrages, appelés ligne de partage des eaux. Des
algorithmes efficaces pour simuler ce processus sont proposés dans la
littérature. Malheureusement les résultats produits ne sont pas
toujours satisfaisants.
Ravinement
Une approche originale de la ligne de partage des eaux, appelée LPE
topologique, a été proposée par Michel Couprie et Gilles
Bertrand. Intuitivement, elle consiste à raviner le relief
topographique tout en préservant certaines propriétés
topologiques. Lorsqu'un tel processus de ravinement est poussé à
l'extrême, les seules crêtes persistantes correspondent aux LPE du
relief (voir Figure ). L'avantage de cette approche
est qu'elle permet une définition précise de LPE dans le cadre de la
théorie des graphes. Cette définition purement discrète est donc bien
adaptée aux images digitales. Elle permet d'étudier précisément les
propriétés des lignes de partage des eaux. On peut notamment montrer,
que la LPE topologique est la seule méthode permettant de préserver
une notion de contraste entre les différentes régions de l'image. Dans
ce cas, le contraste est défini comme l'altitude minimum à laquelle on
est obligé de monter pour aller d'une région à l'autre. Les autres
approches présentées ci-dessus ne possèdent pas cette propriété de
préservation du contraste. Pour plus de détail sur la LPE topologique,
vous pouvez consulter la bibliographie du
laboratoire
A2SI.
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