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Controverse : L'Extraction du Gaz de Schiste








St-denis


Histoire

Bien que les médias français s’intéressent depuis peu à la fracturation hydraulique pour l’extraction du gaz de Schiste, ce procédé existe depuis plus de 60 ans. Il a surtout été utilisé aux États-Unis pour augmenter les rendements des puits de pétrole et de gaz naturel. Les premières fracturations hydrauliques expérimentales ont été réalisées en 1947 dans les champs gazifières de Hugoton, dans le Kansas. Leur première utilisation opérationnelle a été initiée par la compagnie pétrolière Halliburton dans le Texas en 1949.

Le premier forage horizontal, qui remplace avantageusement plusieurs puits verticaux, et qui - à partir d'un seul puits vertical - peut drainer plusieurs couches d'un réservoir « multi-couche », serait celui d'un puits creusé par Elf-Aquitaine dans le sud de la France, effectué en juin 1980.


Le gaz de Schiste constitue une source d’énergie utilisée depuis peu : son exploitation présente des particularités qui la différencie de celle des énergies fossiles conventionnelles. En 2004, l’EPA (Environment Protection Agency) remet un rapport bilan sur la technique de fracturation. On trouve notamment sur ce rapport : « la fracturation hydraulique représente peu ou pas de danger pour la ressource en eau ». Sur la base de ce document, la présidence Bush dispensera les exploitations gazières par fracturation hydraulique des Safe Drinking Water, Clean Water et Clean Air Act qui légifèrent les pollutions industrielles autorisées sur le territoire américain. Ces décisions sont une des causes de la controverse car elles marquent le véritable début de l'exploitation du gaz de Schiste. Des essais se montrent concluants en 2005 et permettent à la production de décoller aux Etats-Unis en 2007.

Le 8 juillet 2008, un document bilan sur l’exploitation des gaz de Schiste par fracturation hydraulique est produit par l’organisme de recherche indépendant Reservoir Research Partners. Ce rapport conclut que l’exploitation des gaz de Schiste ne sera très probablement pas interdite mais soumise à de plus amples réglementations.


En 2009 un premier accident majeur survient à Dimock, Pennsylvannie : 30 000 litres de fluides de fracturation s’échappent à cause d’une fuite. L’exploitant du forage, Cabot Oil & Gas, est condamné à payer une amende de 56 650$ mais montre sa bonne volonté. Puis, en 2010, un deuxième accident majeur se produit à Dimock : l'explosion d’un puits par infiltration et accumulation de gaz vraisemblablement. L’exploitant, Cabot Oil & Gas se défend alors de toute responsabilité.

Pendant ce temps en Europe, une quinzaine d’organismes de recherche et autant d’industriels se réunissent au sein d’une nouvelle structure : GASH (Gas Shales in Europe), afin d'exploiter les gaz de Schiste en Europe.


La controverse sur l’impact écologique et environnemental de l’extraction du gaz de Schiste est principalement rendue publique en 2010, notamment suite à la publication d’une étude sur le sujet, dans la revue Américaine : American Scientist. Lors de cette étude, l’EPA a constaté la contamination de nappes phréatiques et d’importantes fuites de gaz dans l’atmosphère. Les caractéristiques physico-chimiques du gaz de Schiste étant proches de celles du méthane, son rejet accidentel dans l'atmosphère accroît les émissions de gaz à effet de serre (Le méthane a un potentiel de réchauffement global 25 à 70 fois plus élevé que le CO2).

La même année (en 2010), sort le film documentaire Gasland qui dénonce les conséquences de l’extraction du gaz de Schistes sur l‘environnement et qui a pour but d’alerter et sensibiliser les gens.



Cette médiatisation des impacts environnementaux et sanitaires a alors soulevé de nombreux mouvements d'opposition dans divers pays déjà utilisateurs du gaz de Schiste ou en cours de négociations :

France :

Manifestation-paris

Tunisie :

Manifestation-tunisie

USA :

Manifestation-new-york

En France, en mars 2010, plusieurs permis de recherche sont accordés (notamment au groupe Total) dans le Sud-Est de la France par Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Ecologie, selon les modalités du code minier actuel. Mais suite aux mouvements d’opinion hostile à ces permis d’exploration, rassemblant associations de protection de la nature et de l’environnement, citoyens et élus de tous bords, la ministre de l’environnement suivante, Nathalie Kosciusko-Morizet, annonce un moratoire sur toute prospection.

En juin 2011, deux mois après la publication de ce rapport et six mois après les premières manifestations anti gaz de Schiste, la France décide de strictement interdire l’utilisation de la fracturation hydraulique. Les industriels avaient jusqu’à septembre 2011 pour proposer des alternatives à cette technique, mais aucune méthode n’a été mise au point qui satisfasse les industriels.

C'est en 2011 également que se tient une conférence sur le gaz de Schiste organisée en Pologne, co-organisée par le ministère des affaires étrangères polonaises et l’ambassade américaine, avec la présence du président Barack Obama. La Pologne espère devenir un nouvel eldorado énergétique grâce à de gigantesques gisements de gaz de Schiste qui, s’ils étaient confirmés, pourraient rendre le pays indépendant des livraisons russes. Le gaz de Schiste devient un point important des relations polono-américaines, renforçant l’importance des Etats-Unis pour la sécurité de la Pologne au-delà des aspects militaires.


Le 22 septembre 2012, est déclarée la Journée internationale contre la technique de fracking et l'exploration/exploitation des hydrocarbures dits non-conventionnels.

En décembre 2012, la France, bien qu'ayant refusé l'exploitation et les essais techniques sur son propre territoire, signe un accord avec l'Algérie, pour rechercher les gaz de Schiste de ce pays qui serait lui aussi doté d'un important potentiel.

Enfin, depuis début 2013, le débat est réouvert en France car l'Office Parlementaire d'Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST) s'est saisi de la question et autorise à mener des études approfondies sur les technologies alternatives à la fracturation hydraulique.