Explorations : La Dislocation
Angélique
Lors d’une sortie à Paris, nous entrions Gare de l’Est pour prendre le métro ligne 7. Au niveau des tourniquets pour accéder au quai, un homme me demande de le faire passer. J’accepte gentiment en lui tenant la porte après mon passage. Nous entrions sur le quai, le train est prévu dans 2 minutes. Mon amie et moi-même attendions en tête de train. J’entrevois, du coin de l’œil, l’individu clandestin attendant le même train à quelque mètre. Jusqu’ici rien d’anormal pour un samedi, le quai est rempli de monde. Le train arrive, ses portes s’ouvrent, nous laissons les passagers descendre avant de monter à notre tour. Cette montée fut rapide, je n’ai pas eu le temps de bien placer mon sac devant moi pour avoir un œil dessus.
A l’arrivée du train, l’individu, certainement à cause de l’affluence au niveau de sa porte, se dirige vers la tête de train. Le train étant bondé, les passagers sont collés les uns aux autres. Quelques arrêts plus loin, des places se libèrent. Je m’installe alors sur un siège. Mon champs de vision me donne une vue sur l’emplacement où j’étais debout.
J’aperçois quelque chose au sol, un paquet de mouchoirs Hello Kitty (le détail peut paraitre comique mais c’est ce qui m’a mis la puce à l’oreille) vendu en édition limitée que j’ai acheté en Hollande. Persuadée de l’avoir mis dans mon sac, j’ai compris que la seule façon pour que ce paquet se soit retrouvé par terre est qu’il y ait eu une intention de retirer quelque chose de mon sac. Je vérifie de suite mais affaires dans mon sac, j’avais mes effets personnels, mon portefeuille était encore là, mon portable n’y étais plus. Une once d’espoir subsistait, j’espérais l’avoir oublié chez moi. Je demande à mon amie de faire sonner mon téléphone, les premiers appels sonnaient encore mais personne ne décrochait; puis à partir du 4ème on tombait directement sur la messagerie. Le temps que je me rende compte que la seule personne qui était vraiment collée à mon sac était le passager clandestin, ce dernier était descendu à l’arrêt précédent.
Le jour suivant, ayant un tournoi sportif, je n’ai pas pu m’occuper des démarches administratives pour bloquer ma carte Sim et mon téléphone. J’ai donc passé trois jours sans téléphone portable (le renvoi d’une carte Sim a pris un jour).
Le tournoi se passait sur un week-end. J’ai commencé à sentir un manque avec le déroulement des matchs. Mes partenaires m’ont proposé d’utiliser leur téléphone pour appeler, le problème c’est que je ne connais pas les numéros par cœur; tous les contacts sont seulement répertoriés dans mon téléphone. Je ne pouvais pas tenir au courant mes proches sur l’issue de mes matchs, je ne pouvais plus leur envoyer des photos ni de petites vidéos du tournoi. Il y avait aussi quelques joueurs nationaux, avec qui j’aurais bien voulu prendre des photos et mettre à jour instantanément mes comptes sur les réseaux sociaux. Les matchs ne s’enchainaient pas les uns après les autres, il y avait parfois jusqu’à une heure d’intervalle entre deux matchs. Inconsciemment je cherchais mon téléphone pour regarder des notifications concernant mes mails, mes comptes... Et surtout pour tuer le temps, j’avais pour habitude de jouer à de petits jeux sur mon portable. Le midi, il y avait une buvette disponible au tournoi mais il ne propose pas grand-chose mis à part des sandwichs fait par quelque organisateur. Je voulais donc savoir s’il y avait des traiteurs dans le coin, encore une fois j’allais utiliser mon téléphone. Je me suis finalement rabattue sur ces sandwichs jambon-beurre.
A la fin de la journée, pour rentrer (étant venue en voiture, je ne savais pas quel arrêt était le plus près du gymnase) j’allais chercher mon itinéraire avec une application que j’avais téléchargé sur mon téléphone. Bien évidemment, j’ai dû faire sans. Je n’ai jamais autant demandé mon chemin de toute ma vie. Un coup je tombais sur des touristes ne parlant pas français, un coup je tombe sur des personnes ne connaissant pas le coin, …, mais j’arrive à trouver quelque riverain qui m’indique la gare la plus proche. Je rentre dans la gare et n’oublie surtout pas de demander un plan du métro/RER. S’en suit des lectures de plan dans le métro à chaque correspondance, j’avais vraiment l’impression d’être une touriste perdue dans le réseau sous-terrain parisien BREFF une vraie galère. Au retour de semaine, le lundi à l’école, à chaque fois que je rencontrais une connaissance, je leur redemandais leur numéro de téléphone que je note désormais dans un petit carnet. Précédant tout cela, je leur raconte à chacun mon week end mouvementé.
Cela fait déjà un mois que cette mésaventure s’est produite et que j’utilise un autre téléphone. Je continue néanmoins à recevoir des messages sans noms, j’ai toujours peur de paraitre un petit peu rude lorsque au lieu de répondre aux messages, j’envoie d’abord "Qui êtes-vous?".
Benoît
Chaque année, au mois de mai, dans la petite ville du Val-de-Marne, Fontenay-sous-Bois, se déroule le festival de la Madelon. Cette fête prend place dans les rues ainsi que dans les parcs près de l’hôtel de ville. Nous pouvons y trouver toutes sortes de vide-greniers, animations, débats, concerts.
En ce samedi après-midi du 24 mai, je décidai de me lancer à l’exploration de ce festival (étant vincennois, ce périple Fontenaysien représentait à mes yeux une puissante dislocation).
Tout d’abord, en progressant vers le centre-ville, je sentais bien que l’atmosphère était différente de d’habitude : les gens semblaient envahis d’une certaine excitation, au loin résonnait de la musique, des odeurs inhabituelles emplissaient les rues, et l’on pouvait aisément deviner que ce n’était pas un jour comme les autres pour la commune... Puis, soudain, je me retrouvai face à un spectacle de danse. Les gens semblaient réellement enjoués autour de moi. Je décidai de continuer ma route pour m’approcher encore plus du cœur de la fête. Dans les rues, toutes sortes de stands apparaissaient petit à petit. Des brocantes et vide-greniers remplissaient les trottoirs, au fur et à mesure que j’avançais.
Une fois arrivé au parc de l’hôtel de ville, ma véritable exploration commençait : devant moi se trouvaient de nombreux stands d’associations, proposant des sandwichs, des barquettes des frites et même des glaces. Après avoir fait le tour des stands, je décidai de changer d’espace, et me dirigeai vers la zone des spectacles. Quelle joie ! Les jeunes du quartier venaient de commencer un spectacle de hip-hop. Tandis que la pluie commençait à s’abattre sur nous, les jeunes continuaient vaillamment leur représentation sur la scène en plein air. On pouvait sentir, dans leurs regards et leurs mouvements, leur détermination à aller jusqu’au bout de ce qu’ils avaient mis tant de temps à préparer.
Après que le spectacle fût fini, j’achetai un hot dog, et progressai vers les stands « fête foraine » : machines à sous, pêche au canard, tire à la carabine, barbes à papa, auto tamponneuses, cette partie allait devenir ma préférée du festival. C’était également la partie où il y avait le plus de monde.
Après avoir tout exploré, je jugeai qu’il était temps de rentrer, et m’en allai, la tête pleine de bons souvenirs.
Alexandre
Pour la dislocation culturelle j’ai choisi d’aller voir les témoins de Jehova qui ont une église a côté de Provins ville ou je réside, j’ai donc été aller voir une de leur réunion, c’est comme aller à la messe mais avec des croyances qui diffèrent en effet les témoins de Jehova sont christianistes mais ne crois pas à tout ce qu’il y a dans la bible, durant cette réunion il y avait une sorte d’aura fraternel qui unissaient toutes les personnes présente. Ce qui est impressionnant c’est qu’ils n’interviennent pas dans les affaires de l’état qui est pour eux sous le contrôle de Satan. De plus lors de cette réunion certaines personnes ont été incriminés de ne pas respecter leur foi et de se reprendre sous peine d’être puni ce qui est étrange pour moi qui suis chrétien et qui a pour notion que dieu te pardonne tout.
Leur religion est beaucoup plus stricte, de plus la personne se fait punir publiquement et ils peuvent l’exclure de certaines activités de leur communauté et s’ils ne se repentent pas ils sont excommuniés ce qu’il fait qu’ils perdent tout contact avec les membres de la communauté même leur famille. Enfin durant cette réunion je n’ai pas tout compris mais ce fut intéressant j’ai appris qu’ils se réunissent 5 fois par semaine, et quelque uns de leur principe religieux, que j’étais le bienvenu dans leur mouvement et que je pouvais être encore sauvé de l’Armageddon tous les membres de la réunion agissent comme une grande famille, ils sont tous très proches. Ce changement de culture est pour moi très bizarre en effet ils sont tous proches alors que dans le monde d’aujourd’hui tout le monde s’en fout des autres.
Adrien
A Noisy-Le-Grand, le 23 Avril 2014
C’est sans le vouloir que je me suis retrouvé en dehors de ma zone de confort, en cette journée de vacances. J’étais avec un ami à Noisy-Le-Grand, proche de mon ancien lycée (nous nous rencontrons souvent là-bas, car il habite non loin), et nous avons décidé d’aller chez lui. Hors, mon ami habite dans une des cités à côté des arcades, le Palacio. Lorsqu’on entre dans la « zone » de la cité, c’est-à-dire lorsque l’on arrive à moins de 10 mètres du premier habitant, pour moi qui ai toujours vécu dans un milieu favorisé, c’est comme de basculer dans un autre monde.
Premièrement, mon ami m’avait prévenu avant d’arriver : « lorsque tu croises quelqu’un, tu lui dis bonjour de la tête, et tu ne lui serres la main que s’il fait le geste ». Déjà à ce moment, ça m’a un peu tendu. Il y avait un code à respecter, et j’étais étranger de ces règles tacites qui régissent une cité de banlieue parisienne. Nous avons croisé plusieurs jeunes (entre 15-25 ans) en train de fumer, et je me suis appliqué à tous leur dire bonjour correctement. Ils m’ont dévisagé comme un intrus, mais puisque j’étais accompagné de mon ami, ils n’ont rien dit. Ce dernier m’a dit que j’aurais eu des ennuis si j’étais venu seul en étant méconnu des gens de la cité. C’est un endroit fermé pour les gens « comme moi », c’est-à-dire ceux qui ne viennent pas du même milieu qu’eux.
Je crois que ce jour-là j’ai réellement pris conscience du gouffre qui peut séparer un jeune venant d’une classe sociale moyenne et un jeune habitant dans une cité. Leur langage, leur communication, leurs habitudes diffèrent quasiment en tout des miennes.