Explorations Interculturelles :
Bron Malinowski

Explorations : Entretien Immigration

Angélique & Alexandre

Pour cette exploration, j’ai pu interviewer un groupe d’étudiants japonais venus en France. Ils sont trois et viennent de Tokyo: MATSUNO Kenichi 21 ans, NATORI Masahiro 22 ans et WATANABE Hirotaka 21 ans. Etudiants en MEMS (Micro Electrons Mecanical Systems), ils sont venus en France pour faire un programme d’étude à ESIEE Paris.

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Arrivés à l’aéroport Charles De Gaulle le 3 février 2014 à 19h, ils se dirigent directement à leur hôtel à Bry-sur-Marne. Epuisés par le vol et le décalage horaire, ils passent leur première journée à dormir. Ils se dirigent, le jour suivant, vers Noisy-Champs dans l’hôtel IBIS situé à 10 minutes de l’école où ils résideront pendant toute la durée de leur programme d’étude.

Leur semaine se résume à travailler à l’epi 6 du lundi au vendredi puis découvrir l’Ile-de-France le week-end. Quelques jeudis, ils viennent participer au cours de japonais des E3-E4 avec WYLD Reiko. C’est là que nous les avons rencontrés pour la première fois (on ne les croise quasiment jamais dans l’école). C’est à la fin du cours du jeudi 13 mars que l’interview a été faite.


Les premières questions portaient sur les stéréotypes des Français que peignent les Japonais. Kenichi a répondu que, pour eux, les Français ne travaillent pas énormément, du moins qu’ils se reposaient beaucoup et avaient plein de vacances (ce qui est plutôt vrai surtout comparé à leur système). Les trois se sont ensuite accordés sur les mauvaises odeurs dans les métros parisiens.

Les seuls Japonais qu’ils ont rencontrés en France sont deux personnes travaillant à l’ESIEE : Kenmoji Yukiko qui travaille dans les laboratoires et Wyld Reiko qui est professeur de japonais.


A propos de l’école, ce qui a interpellé Hirotaka est le fait qu’il n’y ait pas d’horloge dans les salles de classes ni dans la cantine. Nous avons alors rétorqué que nous ne voyons pas trop le problème de manque puisque tout le monde possède des montres et des portables qui nous indiquent l’heure. Il nous alors expliqué que les Japonais sont très à cheval sur la ponctualité et le fait d’avoir une horloge dans la classe permettait ce trait de caractère.

La cuisine de la cantine ne leur déplait pas, elle est même appréciée. Ça leur change des plats qu’ils mangent dans les cantines japonaises. Ces dernières ne servent jamais de frites, leurs plats sont surtout à base de riz et c’est l’accompagnement qui varie. Ils ont surtout des katsudons et des ramens.

La structure de l’école est également différente de celles au Japon. En effet nos trois Nippons ont remarqué qu’ESIEE, ainsi que les autres bâtiments français en général, est plus large que haute. Contrairement aux édifices japonais qui sont plus dans la hauteur que dans la largeur. Ce contraste peut s’expliquer par la superficie moins importante avec une densité très importante sur l’archipel.

Un des bâtiments de Todai University à Tokyo :
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ESIEE PARIS, le bâtiment est beaucoup moins en hauteur :
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Concernant les mésaventures, ils en ont vécu une dès leur premier jour en France. Une fois les valises posées dans leur chambre d’hôtel de Bry sur Marne, ils se sont absentés quelque temps et à leur retour, de l’argent manquait mystérieusement, 600 €. Un second incident est survenu alors qu’il visitait Paris, un groupe de petites filles de type Roms faisant leur mythique numéro où elles demandent aux victimes de signer pour une pétition pouvant ainsi dévier l’attention de leur proie pour ensuite sévir. Nos trois Nippons se sont encore faits volé 140 € et leur passeport. Ils sont alors allés au poste de police accompagné de Kenmoji Yukiko puis à l’ambassade japonaise pour avoir de nouveaux papiers. Leur séjour s’achève le 31 mars 2014, et pour l’instant il n’y a pas d’autres situations contraignantes à déplorer.

Concernant leurs impressions sur la population locale, ils nous ont confié que les Françaises sont en général plus charmantes que les Japonaises et que les Français sont cools. Ils ont aussi remarqué qu’en France, la plupart des gens ne portent pas de sac à dos alors qu’au Japon et même en Asie le sac à dos est considéré comme un accessoire et pas seulement un simple sac pour les petits écoliers. Une chose qui les a choqués est le fait qu’il y ait beaucoup de personnes qui « grugent » dans les transports en commun. Une situation qui les a interpellé est lorsque l’on fait les courses, les supermarchés ne fournissent pas de sacs.


Adrien & Benoît

Nous : Bonjour Monsieur, présentez-vous brièvement et expliquez votre situation actuelle.

Lui : Je m’appelle Nacer SEBTI, j’ai 20 ans et je suis né au Maroc. J’ai vécu là-bas jusqu’à mes 18 ans. Et puis un beau jour, je suis venu en France faire mes études. J’ai habité à Lyon, pendant un an environ, avant de venir m’installer ici (Résidence Campuséa, Champs-sur-Marne, ndlr). Cela fait donc trois ans que je vis en France.


Nous : La culture française a-t-elle toujours influencé votre vie ?

Lui : Oui, énormément. J’ai été scolarisé dans un lycée français au Maroc. Je parle français depuis toujours, mes parents me parlent français tous les jours, je connais presque plus de choses sur la France que sur le Maroc...


Nous : Avec votre double culture, vous considérez-vous différent des personnes que vous côtoyez ?

Lui : Avant mon départ du Maroc, oui, car là-bas il est plus rare de croiser des gens avec plusieurs cultures. Mais en France, j’ai constaté qu’il y avait un fort métissage, la plupart des gens que j’ai rencontrés ont des origines de différents pays. Au Maroc cela apportait un vrai plus, mais ici les gens sont habitués et c’est assez banal.


Nous : Vous sentez-vous chez vous en France, ou ressentez-vous une certaine nostalgie, un manque de votre terre natale ?

Lui : Je me sens de plus en plus chez moi. Bien que j’ai des liens très fort avec ma famille, et donc avec mon pays d’origine, j’ai su m’adapter. Aujourd’hui bien sûr, mes proches me manquent, mais je me sens à l’aise ici.


Nous : Regardez-vous beaucoup la télévision française ? Si oui quelle est votre chaine favorite ?

Lui : Je regarde beaucoup la télévision, surtout TF1. Ils passent des films sympas, des émissions amusantes. Je constate que beaucoup de choses qui passent à la télévision française ne passeront sûrement jamais à la télévision marocaine...


Nous : En parlant d’émissions amusantes, trouvez-vous l’humour « français » particulier ?

Lui : Oui je dois avouer que c’est différent de l’humour marocain. Je trouve que les blagues marocaines sont plus drôles. Ils y a des blagues marocaines qui ne peuvent se dire et ne font rire qu’en arabe, et c’est vraiment ces blagues-là qui m’ont donné les plus gros fous rires de ma vie !

(Murmure un dialecte incompréhensible mais qui semble, vu l’expression sur son visage, très grossier)

Nous : Est-ce que vous trouvez que les caricatures des marocains faites par les français sont uniquement de gros clichés ou y a-t-il une part de vérité ?

Lui : Comme toutes les caricatures, elles sont inspirées du vrai, mais exagérées bien sûr. Cependant, certains stéréotypes assez négatifs ne désignent qu’une minorité d’individus, il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac. Personnellement, je trouve ça amusant et je prends bien les vannes sur le fait que je suis marocain etc, mais il y en a qui le prennent sûrement beaucoup moins bien.


Nous : En France, une attitude vous a-t-elle choquée ? Si oui comment avez-vous réagi ?

Lui : Un jour, je sortais du métro à la Défense, et j’ai tenu la porte à une femme accompagnée d’un bébé dans une poussette, afin de l’aider à passer. Celle-ci m’a dit : « vous êtes la première personne que je vois qui fait ça ». J’ai été choqué, car cette sorte d’entraide se retrouve partout au Maroc, or en France cela semble plus rare, ou du moins, moins naturel. Par exemple, au Maroc, si quelqu’un se fait agresser, tous les gens qui passent à côté accourent directement pour l’aider, sans hésitation. Là-bas, la solidarité avec les inconnus est plus forte qu’en France. Les gens vont beaucoup plus les uns vers les autres. Ici, pour donner un exemple, la seule fois qu’un inconnu m’a adressé la parole dans le métro, c’était parce qu’il m’avait entendu parler arabe au téléphone ! (rires)


Nous : Si vous aviez pu choisir une autre influence culturelle, autre que française, laquelle auriez-vous préférée ?

Lui : La culture américaine m’aurait plu. C’est une culture que j’aime, et puis je trouve que le choc des cultures aurait été plus fort et intéressant à vivre au quotidien. J’ai l’espoir de partir un jour vivre aux Etats Unis pendant peut être un ou deux ans. Je souhaite réellement découvrir de nouvelles choses.